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    Les arbres murmurent donc le soir quand, mal à l'aise, nous affrontons nos pensées puériles. Les arbres pensent des pensées longues, des pensées au souffle lent et reposant, tout comme ils ont des vies plus longues que les nôtres. Ils sont plus sages que nous, tant que nous n'avons pas encore appris à les écouter. Mais dès que nous apprenons à écouter les arbres, la brièveté, la rapidité et la précipitation d'enfant de nos pensées procurent une joie incomparable. Quiconque a appris à écouter les arbres n'a plus envie d'être un arbre. Il ne veut pas être autre chose que ce qu'il est. C'est ça, être chez soi. C'est ça, le bonheur. 

     

     

                                                                          Hermann HESSE

                                                                          "Vagabondages"

     

     

     


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    Une envie folle de partir au hasard me fend le coeur quand, le soir venu, j'entends murmurer les arbres dans le vent. Si on les écoute longuement en silence, cette envie dévoile son coeur, son sens. Il ne s'agit pas tant d'échapper à sa souffrance, comme on pourrait le croire. C'est une envie d'être chez soi, une envie de se souvenir de la mère, une envie de nouvelles métaphores pour la vie. Elle mène chez toi. Tous les chemins mènent chez toi, chaque pas est une naissance, chaque pas est une mort, chaque tombe est une mère.

     

    (A suivre ...)

     

     


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    C'est quand nous sommes abattus et ne pouvons plus supporter nos vies qu'un arbre a quelque chose à nous dire : Tais-toi ! Tais-toi ! Regarde-moi ! La vie n'est pas facile, la vie n'est pas difficile. Ce sont là des pensées puériles. Laisse Dieu parler en toi, et tes pensées se tairont. Tu es angoissé parce que ton chemin t'éloigne de ta mère et de chez toi. Mais chaque pas et chaque jour te ramènent vers la mère. Chez toi n'est ni ici, ni là-bas. Ou chez toi est en toi-même, ou il n'est nulle part.

     

    (A suivre ...)

     

     


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    Les arbres sont des sanctuaires. Celui qui sait leur parler, celui qui sait les écouter, peut apprendre la vérité. Ils ne prêchent ni l'érudition, ni les préceptes; ils prêchent, sans l'entrave des détails, la loi antique de la vie. L'arbre dit, un noyau se cache au fond de moi, une étincelle, une pensée. Je suis issu de la vie éternelle. La tentative qu'a faite la mère éternelle avec moi, et le risque que cela impliquait, sont uniques, uniques dans la forme et dans les veines de ma peau, uniques dans le plus léger jeu des feuilles sur mes branches et dans la plus petite cicatrice de mon écorce. J'ai été créé pour manifester l'éternel à travers mon détail particulier le plus menu...

     

     

    (A suivre ...)

     

     


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    En ce qui me concerne, les arbres ont toujours été les prédicateurs les plus éloquents. Je les vénère quand ils vivent en tribu ou en famille, dans les forêts et dans les bosquets. Et je les vénère encore plus quand ils poussent isolés. Ils ressemblent à des gens esseulés. Pas comme des ermites qui se sont dérobés par une faiblesse quelconque, mais comme les grands solitaires, comme Beethoven ou Nietzsche.

     

    Dans leurs branches les plus élevées, le monde bruit; leurs racines, quant à elles, se posent dans l'infini; ils ne se perdent pas, ils luttent de toutes les forces de leur vie pour une unique chose : trouver satisfaction selon leurs propres lois, bâtir leur propre forme, se représenter.

     

    Rien n'est plus sacré, rien n'est plus exemplaire qu'un arbre beau et fort. Quand un arbre est abattu et, à nu au soleil, expose sa blessure mortelle, on peut lire toute son histoire dans le disque gravé et lumineux de son tronc : dans les anneaux de ses années, ses cicatrices, toute la lutte, toute la souffrance, toute la maladie, tout le bonheur et toute la prospérité sont fidèlement consignés, les années maigres et les années grasses, les assauts repoussés, les tempêtes endurées...  

     

     

     

    (A suivre)

     

     

     


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