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Par *Sylvie Ptitsa* dans Graines de palabres (petites histoires à raconter) le 16 Juillet 2012 à 00:00
En ce qui me concerne, les arbres ont toujours été les prédicateurs les plus éloquents. Je les vénère quand ils vivent en tribu ou en famille, dans les forêts et dans les bosquets. Et je les vénère encore plus quand ils poussent isolés. Ils ressemblent à des gens esseulés. Pas comme des ermites qui se sont dérobés par une faiblesse quelconque, mais comme les grands solitaires, comme Beethoven ou Nietzsche.
Dans leurs branches les plus élevées, le monde bruit; leurs racines, quant à elles, se posent dans l'infini; ils ne se perdent pas, ils luttent de toutes les forces de leur vie pour une unique chose : trouver satisfaction selon leurs propres lois, bâtir leur propre forme, se représenter.
Rien n'est plus sacré, rien n'est plus exemplaire qu'un arbre beau et fort. Quand un arbre est abattu et, à nu au soleil, expose sa blessure mortelle, on peut lire toute son histoire dans le disque gravé et lumineux de son tronc : dans les anneaux de ses années, ses cicatrices, toute la lutte, toute la souffrance, toute la maladie, tout le bonheur et toute la prospérité sont fidèlement consignés, les années maigres et les années grasses, les assauts repoussés, les tempêtes endurées...
(A suivre)
2 commentaires -
Par *Sylvie Ptitsa* dans Graines de palabres (petites histoires à raconter) le 15 Juillet 2012 à 01:46
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Un texte épatant où les jeux de mots crépitent en rafale... WOW !
Et un bel hommage à la famille en prime.
3 commentaires