Les trois graines de samedi dernier étaient un petit clin d'oeil à notre programme un peu particulier de ce 15 novembre.

Là où nous vivons, existe une coutume que je trouve très belle : chaque année, la mairie convie les enfants de la commune et des localités environnantes, nés au cours de l'année précédente, à planter un jeune arbre dans une partie de la forêt réservée à cet effet.

Un panneau portant le nom des enfants concernés est suspendu à un arbre symbolique, fait de poteaux de bois assemblés et peints de couleurs vives. Ainsi, chacun peut revenir, au fil des ans, pour voir grandir "son" arbre et retrouve sans peine l'emplacement où il l'avait planté au cours de sa première année.

Le week-end dernier, 274 enfants de 30 nationalités différentes, en provenance de tous les continents du monde (Australie exceptée) se sont ainsi rassemblés avec leurs familles pour planter 274 chênes à peine plus grands qu'eux, dans la boue, le brouillard, le froid et... beaucoup de chaleur humaine. 

Un goûter aussi convivial que polyglotte a ensuite rassemblé les participants sous un vaste chapiteau dressé dans le bourg.

C'était un événement tout simple qui n'a pris que quelques heures, un de ces p'tits moments de rien qui me laissent pourtant un souvenir impérissable ... quelques grammes de fraternité vraiment humaine dans un monde de sauvagerie brute.

Là où je suis née, on se tirait dessus il y a à peine quelques dizaines d'années. Le sol de ma région est vérolé, pour longtemps encore, de cratères de bombes, et il n'est pas rare qu'en creusant, on retouve des restes de grenades ou d'obus. Les ossuaires, les cimetières militaires, de toutes nationalités, sont partout présents.

Aujourd'hui, non seulement cette terre est en paix, mais les deux puissances qui l'ont déchirée et mutilée sont aussi celles qui ont initié et soutenu le plus la construction de l'Europe.

C'est peut-être l'une des raisons pour lesquelles je porte en moi, profondément enracinée,  la conviction qu'aucun mal, si profond soit-il, n'est irrémédiable, et que l'être humain est capable du meilleur comme du pire. A lui de choisir, comme le racontait cette histoire, "lequel des deux loups il nourrira". 

 Pour voir le compte-rendu de la plantation d'arbres,

cliquez sur la photo.

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