• Les alliances perdues

     

     

       

     

    C'est aujourd'hui la Saint Amour : je vous partage ce petit conte écrit hier.

     


     

     

    Une jeune fille pauvre avait atteint l’âge de se marier.

     

     « Va ramasser des anémones dans le sous-bois ! », lui dit sa mère. Nous en ferons des décorations pour tes noces.

    -Mais, dit la fille, je n’ai pas encore de fiancé ?

    -Nous t’en trouverons bien un dans le village ! », lui dit son père.

     

    Tandis que la jeune fille cueillait au sol les fragiles fleurs blanches, un cheval s’arrêta devant elle. Le prince qui le montait tomba amoureux sur le champ.

     

    « Prends cette bague en argent, dit-il en la retirant de sa main. Dans quelques jours, je reviendrai te chercher et je t’en passerai une autre au doigt, bien plus belle. »

     

    La jeune fille, étourdie de bonheur, se hâta d’aller prévenir ses parents. Mais le soir, pour mettre un peu de baume sur les blessures d’une vieille parente, elle ôta l’anneau. Celui-ci disparut… et le prince ne reparut jamais.

     

    Plus tard, un autre prétendant se présenta depuis une ferme voisine. De nouveau, la mère envoya sa fille chercher des anémones dans le sous-bois. Un deuxième prince surgit. Lui aussi tomba fou amoureux au premier regard.

     

    « Prends cette bague en or, dit-il en la retirant de sa main. Dans quelques jours, je reviendrai te chercher et je t’en passerai une autre au doigt, bien plus belle. »

     

    Mais le soir, un chaton faillit se noyer dans la mare. Pour l’arracher à la vase, la jeune fille plongea la main au fond du bassin… l’anneau glissa de son doigt, tomba au fond de l’eau boueuse… et le prince ne reparut jamais.

     

    La jeune fille se promit de faire très attention. La même chose se reproduisit pourtant une troisième fois ! C’est une bague de cuivre rare que le troisième prince confia à la jeune fille, lui faisant promettre de la garder jusqu’à son retour.  

    Hélas ! Alors qu’elle fermait ses volets, le vent emmêla ses longs cheveux défaits  aux branches du hêtre qui poussait devant sa fenêtre. Elle voulut les démêler : la bague se prit dedans. Elle n’eut pas d’autre solution, pour enlever le nœud, que de commencer par ôter l’anneau. Celui-ci se volatilisa… et le prince aussi.

     

    Le temps passait. Les parents s’impatientaient de voir leur fille laisser filer prince après prince. C’est pourquoi ils résolurent de la marier, et vite, au premier homme simple qui voudrait bien d’elle.

     

    A nouveau, ils l’envoyèrent cueillir des anémones… Quand un quatrième prince se présenta avec une bague, la jeune fille refusa tout net.

     

    « Garde ta bague, beau prince… je perds tous les anneaux, je ne sais pas tenir mes promesses. Je laisserai échapper ma chance encore une fois, et ensuite, je me sentirai encore plus triste.

    -Mais c’est toi que je veux ! C’est toi que j’aime ! », insista le prince, lui glissant l’anneau dans la main.

    La jeune fille regarda le bijou… et le rendit au prince.

    -Ton anneau est en diamant !, dit-elle. Il est encore beaucoup plus fragile et plus précieux que les trois que je n’ai pas su garder. Que ferais-je de celui-ci ? Passe ton chemin, cavalier, trouve-toi une femme plus digne de ton rang.»

     

    Et comme le prince insistait pour lui passer la bague au doigt, elle l’enleva et la jeta au loin. La bague se brisa sur les pierres du chemin en mille éclats d’étoiles.

     

    Le prince éclata de rire.

     

    « Je croyais que les diamants ne se brisaient jamais ?, murmura la jeune fille, navrée.

    -Ma bague n’était pas en diamant, mais en cristal, lui répondit le prince. Tu as bien fait de la jeter par terre !

    -Pourquoi ?, demanda la jeune fille.

    -Parce que la seule alliance que tu puisses porter à ton doigt est celle qui existe d’abord dans ton cœur.

    -Tu ne m’en veux donc pas d’avoir brisé ton alliance ?, demanda la jeune fille, sans comprendre.

    -Non, je me moque complètement de cette alliance-là, dit le prince.

    -Et tu ne vas pas disparaître ?

    -Seulement si tu me le demandes. As-tu envie de me voir disparaître ?

    -Non… murmura la jeune fille. Mais je suis niaise et maladroite… que feras-tu de moi ?

    -Ma femme et ma reine, si tu veux bien !, dit le prince, simplement.

    -Si tu acceptes pour reine une femme niaise et maladroite, c’est d’accord !, dit la jeune fille, simplement.

    -Tu ne seras ni l’un ni l’autre, dit le prince en l’emportant sur son cheval. Je suis bien content que tu aies brisé cette alliance. Je ne t’obligerai jamais à en porter. La seule qui compte, la vraie, est invisible ! »

     

    Tous deux ont déjà disparu au loin… j’espère que leur alliance dure toujours.

    Je crois que oui. Qui pourrait briser une alliance invisible ?

     

     

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  • Commentaires

    1
    Samedi 9 Août 2014 à 23:37

    peu importe la bague ce qui compte c'est ce qu'il y a dans le coeur

    2
    Dimanche 10 Août 2014 à 08:41

    Oui Flipperine, pour moi c'est exactement le message du conte.

    3
    Dimanche 10 Août 2014 à 08:43

    Tu as juste oublié de conjuguer ton verbe (rire... on voit que c'est les vacances !!).

    Là c'est trop exiger de moi : déjà écrire un conte classique dans une forme classique, ça m'est difficile, mais si en plus je dois lui donner une fin classique, ça devient mission impossible !

    En plus je ne crois pas trop au mariage comme passage obligé vers le bonheur. BB à toi !

    4
    Mardi 19 Août 2014 à 12:01

    Elle est bien jolie cette histoire à raconter aux petits et au grands !

    tBelle journée Ptisa

    5
    Mardi 19 Août 2014 à 19:46

    Merci Marine-Lou ! J'en ai eu l'idée après avoir cassé une bague fragile à laquelle je tenais beaucoup et que je voulais offrir ... l'inspiration se nourrit de tout !

    6
    Philippe D
    Jeudi 20 Novembre 2014 à 09:07

    Tu as juste oublier la fin : "Ils se marièrent et eurent beaucoup d'enfants". 

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