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A l'école du bambou
Je me souviens d'un professeur de sciences naturelles au collège. C'était une espèce de savant fou avec une barbe épaisse et des idées bizarres. Du moins pour un scientifique. Il n'avait rien du rat de laboratoire, sec et rigoureux. Ce qui lui plaisait, c'était de tirer une leçon philosophique de ses expériences. L'une d'entre elles m'a particulièrement marqué.
Notre professeur était entré en classe avec une minuscule graine, un pot de terre et un peu d'eau dans une pipette.
"Regardez cette graine dit-il. Nous allons la planter. Et l'arroser pendant une semaine."
Mais au bout de 7 jours, rien n'avait poussé.
Une semaine après, même constat : nous avions arrosé la graine, sans succès. Quelle expérience décourageante...
La troisième semaine, la plupart d'entre nous avait arrêté de croire qu'un jour la graine allait donner une plante. La frustration gagnait peu à peu l'ensemble de la classe, mais le professeur continuait d'arroser sa graine.
Au bout d'un mois, cependant, il nous fit signe d'approcher vers son bureau. Il y avait posé le pot de fleur.
"Qu'observez-vous, jeunes gens ?" nous demanda-t-il en souriant.
Incroyable : la graine avait enfin germé !
La semaine suivante, quelle ne fut pas notre surprise lorsque nous vîmes une tige de bambou de 70 cm, bien droite dans son pot !
Le professeur nous devait une explication...
"La graine de bambou chinois met environ 4 semaines pour germer. Mais ensuite, ce végétal est capable de pousser d'une bonne dizaine de centimètres par jour. Ceux qui ont relâché leurs efforts au bout de la troisième semaine n'avaient aucune chance de voir naître ce petit miracle de la nature. Les autres ont certainement compris que, parfois, il faut persévérer envers et contre tout pour obtenir des résultats. Un investissement au départ est largement payé plus tard."C'est vrai. La vie est un processus aussi lent que cette graine de bambou. Elle est souvent décourageante et même quand il nous semble que nous faisons tout pour nous en sortir, rien de bon ne nous arrive. Mais pour ceux qui persévèrent, qui persistent, qui vont plus loin que les autres, il y a une fin positive. Ceux-là sont toujours récompensés, d'une manière ou d'une autre.
Texte et commentaire : Christian GODEFROY
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