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Voyage en cathédrale
Par *Sylvie Ptitsa* dans Graines d'à plusieurs (pour "Passeurs d'espoirs") le 28 Décembre 2008 à 00:02
Prenez une cathédrale
Et offrez-lui quelques mâts
Un beaupré, de vastes cales
Des haubans et halebas
Prenez une cathédrale
Haute en ciel et large au ventre
Une cathédrale à tendre
De clinfoc et de grand-voiles
Prenez une cathédrale
De Picardie ou de Flandre
Une cathédrale à vendre
Par des prêtres sans étoile
Cette cathédrale en pierre
Qui sera débondieurisée
Traînez-la à travers prés
Jusqu'où vient fleurir la mer
Hissez la toile en riant
Et filez sur l'Angleterre
L'Angleterre est douce à voir
Du haut d'une cathédrale
Même si le thé fait pleuvoir
Quelqu' ennui sur les escales
Les Cornouailles sont à prendre
Quand elles accouchent du jour
Et qu'on flotte entre le tendre
Entre le tendre et l'amour
Prenez une cathédrale
Et offrez-lui quelques mâts
Un beaupré, de vastes cales
Mais ne vous réveillez pas
Filez toutes voiles dehors
Et ho hisse, les matelots
A chasser les cachalots
Qui vous mèneront aux Açores
Puis Madère avec ses filles
Canarian et l'Océan
Qui vous poussera en riant
En riant jusqu'aux Antilles
Prenez une cathédrale
Hissez le petit pavois
Et faites chanter les voiles
Mais ne vous réveillez pas
Putain, les Antilles sont belles
Elles vous croquent sous la dent
On se coucherait bien sur elles
Mais repartez de l'avant
Car toutes cloches en branle-bas
Votre cathédrale se voile
Transpercera le canal
Le canal de Panama
Prenez une cathédrale
De Picardie ou d'Artois
Partez cueillir les étoiles
Mais ne vous réveillez pas
Et voici le Pacifique
Longue houle qui roule au vent
Et ronronne sa musique
Jusqu'aux îles droit devant
Et que l'on vous veuille absoudre
Si là-bas bien plus qu'ailleurs
Vous tendez de vous dissoudre
Entre les fleurs et les fleurs
Prenez une cathédrale
Hissez le petit pavois
Et faites chanter les voiles
Mais ne vous réveillez pas
Prenez une cathédrale
De Picardie ou d'Artois
Partez pêcher les étoiles
Mais ne vous réveillez pas
Cette cathédrale est en pierre
Traînez-la à travers bois
Jusqu'où vient fleurir la mer
Mais ne vous réveillez pas
Mais ne vous réveillez pas...
Jacques BREL
"La cathédrale"
(Texte inédit)
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Commentaires
Encore une chanson de Brel que je ne connaissais pas. Il faut dire que je ne me suis jamais beaucoup intéressé à son répertoire. J'ai voyagé en lisant le texte mais je me suis réveillé trop vite, le voyage était terminé!Rhaaaa le Grand Jacques ! Y a t'il une chanson qu'il ait chanté qui ne soit une merveille?
Je me souviens d'une amie que j'avais en seconde. Je découvrais en entrant au lycée que mon univers musical pouvait être encore plus eclectique et sa passion, son amour pour Brel m'avait subjugué. Et dans sa chambre, outre les portraits magnifiques de l'artiste, une phrase qui me porte encore aujourd'hui :" on n'oublie rien de rien, on n'oublie rien du tout, on s'habitue c'est tout..."
Et j'avoue qu'en parcourant les dédales de notre superbe cathédrale, cette phrase aussi joyeuse que triste cogne dans ma tête avec une résonnance qui ne faiblit pas.
Je t'embrasse très fort Ptitsa, et j'espère au plus fort de moi que cette année soit aussi celle de notre rencontre.
Affectueusement
Lady qui te souhaite ainsi qu'aux tiens autant de bonheur qu'il est possible d'en imaginer...Je cherchais quelque chose de "spécial" pour ton anniversaire, et juste hier, en regardant un DVD de Brel reçu en cadeau à Noel, je suis tombée sur cette chanson et j'ai su qu'elle était pour toi...
Je te souhaite encore de beaux et nombreux voyages, au propre et au figuré. Je sais que ton âme d'enfant est intacte et que même quand le vent fait défaut à tes voiles, elle est capable de te porter plus haut, plus loin que les moyens de locomotion les plus perfectionnés de notre fada de monde moderne.
Et si jamais tu atteignais le bout du coeur, chuuuut ! ... Ne nous dis surtout pas où c'est, pour que nous puissions continuer à rêver et à voyager nous aussi, tendus vers une étoile parfois à peine visible...Bon, on peut dire à ta décharge que le texte étant inédit, il est très peu connu... Moi même, d'ailleurs, je viens de le découvrir, et pourtant je suis une familière du répertoire de Brel, que j'aime beaucoup. Puisse cette chanson te donner l'envie d'en découvrir d'autres ?... :)"Ne me quitte pas" est bien plus connue, mais il y a bien d'autres chansons moins célèbres qui sont magnifiques, comme "Il nous faut regarder" ou "Chez Jeanne" que j'ai déjà publiées ici... ;)
Merci pour ce beau, long et chaleureux message, Ly...
Je ne sais si nous nous rencontrerons dans une cathédrale, mais peut-être bien aux 40 ans de Qui-tu-sais cet automne, si ce n'est avant ? ;)
Je souhaite moi aussi "tout le bonheur du monde, pour aujourd'hui comme pour demain" à toi et aux tiens (j'adore cette chanson, j'ai failli la mettre sur le faire-part de naissance de Lilian, j'ai finalement préféré "Je veux vivre" de Faudel).
Et j'attends avec une délectation anticipée le prochain épisode de nos emplumages à 4 mains... ;)J'aimerais bien voir comment tu arrives à coincer une plume dans des starting-blocks... la mienne serait bien trop agile ! :Dje ne connaissais pas ces mots,c,est extraordinaire.il faudrait que je revienne l'écouter car là il est trop tard.
Amicalement ptitsa.Oui, c'est un très beau texte, je suis contente qu'il soit diffusé aujourd'hui... Je passerai chez toi bientôt. Merci de ta fidèle amitié, Nadia !
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tu sais, j'ai hissé des voiles, souvent effectué des manoeuvres, et vu les soleils en couchant, emportant mes reves d'enfants...
mais année après année, j'ai continué d'hisser, car vers la liberté ces voles m'ont emporté...
en ce jour, mon sac à terre, je reve encore des vents, des goléands, et si mes yeux parfois pleurent, c'est à cause de cette putain de brise...
merci de ce joli cadeau que tu offres là petite amie de blog, j'apprécie fort cette note, surtout aujourd'hui...
je t'embrasse, toi !