• Non, ne crois pas, fillette,
    me retenir encore
    dans tes rues sans violettes,
    dans ton triste décor.
    N'essaie pas de me suivre,
    déserte mes rivages,
    loin de toi, je veux vivre
    de plus beaux paysages.

    Petite fille des sombres rues, éloigne-toi,
    Petite fille aux yeux perdus, tu m'oublieras.

    J'ai trop longtemps vécu
    dans de pauvres ruelles,
    trop longtemps attendu
    un dernier arc-en-ciel.
    J'ai besoin de soleil
    et d'horizons moins gris,
    je veux voir les merveilles
    que, près de toi, j'oublie.

    Petite fille des sombres rues, éloigne-toi,
    Petite fille aux yeux perdus, tu m'oublieras.

    Je ne suis pas de ceux
    que chasse la lumière,
    et qui vivent heureux
    un éternel hiver
    De l'amour je ne veux
    que les filles des rivières,
    lorsque j'aime les yeux,
    j'aime aussi la chaumière.

    Petite fille des sombres rues, éloigne-toi,
    Petite fille aux yeux perdus, tu m'oublieras.

    Nos chemins se séparent,
    entends, la vie m'appelle,
    je quitte tes trottoirs
    et tes grises dentelles.
    Je pars pour des royaumes
    où l'on m'attend peut-être,
    où le bonheur embaume,
    et donne un air de fête.

    Petite fille des sombres rues, éloigne-toi,
    Petite fille aux yeux perdus, tu m'oublieras.




                                                               Renaud SECHAN


    Pour l'écouter en musique, cliquez ici.


    8 commentaires





  •                                                                              Pour Lili la Rebelle
                                                                   



    D'abord une pierre qui vole en éclats,
    Une drôle de poussière, puis un fracas.
    Sortez de chez vous, réveillez tous les gens
    Qui ont rendez-vous depuis si longtemps.

    Un mur est tombé, un homme se retourne.
    Est-ce qu'il a rêvé ? Est-ce une page qu'on tourne ?
    Déjà la rumeur qui court de ville en ville.
    On s'embrasse, on pleure, il reste immobile...

    Est-ce que c'est lui qui perd la tête, qui devient fou...?
    Même si son cœur est à la fête, ses yeux sont flous.
    Combien d'armures, combien de masques, combien de tombes,
    Combien de murs se cachent derrière un mur qui tombe ?

    Des larmes peuvent couler, personne se retourne.
    L'histoire abandonne les pages qu'on détourne.
    De quelle liberté pourra-t-on bien parler
    Lorsque les enfants viendront demander...

    "Les murs qu'on a dans la tête
    Sont plus hauts que vos peut-être.
    Pourquoi personne les arrête... jamais ?
    Bien sûr qu'on va les casser,
    Mais on n'effacera jamais
    Les maux qu'ils auront laissés... gravés !"

    J'avais oublié l'ironie de notre histoire.
    J'avais oublié qu'on a si peu de mémoire.
    Combien de larmes, combien de haines, combien de hontes,
    Combien de murs se cachent derrière un mur qui tombe ?

    Est-ce que c'est moi qui deviens fou ?
    Répondez-moi, mes yeux sont flous.
    Au nom de qui fait-on le choix de l'innocence ?
    Au nom de quelle liberté, de quelle transparence ?

    Combien de murs... Combien de murs...
    Combien de larmes, combien de masques, combien de hontes
    Combien de murs se cachent derrière un mur qui tombe ?

    Combien de murs...
    Combien de murs...
    Combien de murs...



                                               Patrick BRUEL




    Si vous voulez écouter la chanson, Fancri vous a très gentiment laissé le lien utile dans les commentaires... Merci Fancri !



    18 commentaires


  • Que serais-je sans toi qui vins à ma rencontre
    Que serais-je sans toi qu'un cœur au bois dormant
    Que cette heure arrêtée au cadran de la montre
    Que serais-je sans toi que ce balbutiement ?


    J'ai tout appris de toi sur les choses humaines
    Et j'ai vu désormais le monde à ta façon
    J'ai tout appris de toi, comme on boit aux fontaines
    Comme on lit dans le ciel les étoiles lointaines
    Comme au passant qui chante, on reprend sa chanson
    J'ai tout appris de toi jusqu'au sens du frisson


    Que serais-je sans toi qui vins à ma rencontre
    Que serais-je sans toi qu'un cœur au bois dormant
    Que cette heure arrêtée au cadran de la montre
    Que serais-je sans toi que ce balbutiement ?


    J'ai tout appris de toi, pour ce qui me concerne,
    Qu'il fait jour à midi, qu'un ciel peut être bleu,
    Que le bonheur n'est pas un quinquet de taverne
    Tu m'as pris par la main dans cet enfer moderne
    Où l'homme ne sait plus ce que c'est qu'être deux
    Tu m'as pris par la main comme un amant heureux


    Que serais-je sans toi qui vins à ma rencontre
    Que serais-je sans toi qu'un cœur au bois dormant
    Que cette heure arrêtée au cadran de la montre
    Que serais-je sans toi que ce balbutiement ?


    Qui parle de bonheur a souvent les yeux tristes,
    N'est-ce pas un sanglot de la déconvenue,
    Une corde brisée aux doigts du guitariste ?
    Et pourtant, je vous dis que le bonheur existe
    Ailleurs que dans le rêve, ailleurs que dans les nues,
    Terre, terre, voici ses rades inconnues !


    Que serais-je sans toi qui vins à ma rencontre
    Que serais-je sans toi qu'un cœur au bois dormant
    Que cette heure arrêtée au cadran de la montre
    Que serais-je sans toi que ce balbutiement ?



                                                 Jean FERRAT
                                  sur un poème de Louis ARAGON



    4 commentaires



  • Ô vie heureuse des bourgeois !
    Qu'avril bourgeonne
    Ou que decembre gèle,
    Ils sont fiers et contents.

    Ce pigeon est aimé
    Trois jours par sa pigeonne :
    Ça lui suffit, il sait
    Que l'amour n'a qu'un temps.

    Ce dindon a toujours
    Béni sa destinée,
    Et quand vient le moment
    De mourir, il faut voir

    Cette jeune oie en pleurs :
    " C'est là que je suis née,
    Je meurs près de ma mère
    Et je fais mon devoir."

    Elle a fait son devoir,
    C'est à dire que onques
    Elle n'eut de souhait
    Impossible, elle n'eut

    Aucun rêve de lune,
    Aucun désir de jonque
    L'emportant sans rameurs
    Sur un fleuve inconnu.

    Et tous sont ainsi faits
    Vivre la même vie
    Toujours pour ces gens là
    Cela n'est point hideux.

    Ce canard n'a qu'un bec
    Et n'eut jamais envie
    Ou de n'en plus avoir
    Ou bien d'en avoir deux.

    Ils n'ont aucun besoin
    De baiser sur les lèvres
    Et loin des songes vains,
    Loin des soucis cuisants,

    Possèdent pour tout cœur
    Un viscère sans fièvre,
    Un coucou régulier
    Et garanti dix ans.

    Ô les gens bien heureux...
    Tout à coup, dans l'espace,
    Si haut qu'ils semblent aller
    Lentement, en grand vol,

    En forme de triangle...
    Arrivent, planent et passent...
    " Où vont ils? Qui sont-ils ?
    Comme ils sont loins du sol !"

    Regardez les passer : eux,
    Ce sont les sauvages.
    Ils vont où leur desir
    Le veut, par dessus monts

    Et bois, et mers, et vents,
    Et loin des esclavages,
    L'air qu'ils boivent
    Ferait éclater vos poumons.

    Regardez-les : avant
    D'atteindre sa chimère,
    Plus d'un, l'aile rompue,
    Et du sang plein les yeux,

    Mourra. Ces pauvres gens
    Ont aussi femme et mère
    Et savent les aimer
    Aussi bien que vous, mieux...

    Pour choyer cette femme
    Et nourrir cette mère,
    Ils pouvaient devenir
    Volailles comme vous,

    Mais ils sont avant tout
    Des fils de la chimère,
    Des assoiffés d'azur
    Des poètes, des fous.

    Regardez-les, vieux coqs,
    Jeune oie édifiante,
    Rien de vous ne pourra
    Monter aussi haut qu'eux,

    Et le peu qui viendra
    D'eux à vous,
    C'est leur fiente.

    Les bourgeois sont troublés
    De voir passer les gueux.


                                               
                                                  Georges BRASSENS




     Ecoutez-la chantée par Maxime LE FORESTIER... C'est une splendeur.

    24 commentaires
  •  

                                                                                                                                              Pour Nad ia...


    Ouvrez ouvrez la cage aux oiseaux
    Regardez-les s'envoler, c'est beau
    Les enfants si vous voyez
    Des p'tits oiseaux prisonniers
    Ouvrez-leur la porte vers la liberté !


    Un p'tit dé à coudre
    Et trois goutt' d'eau dedans
    Au d'ssus du perchoir
    Un os de seiche tout blanc
    Et un petit piaf triste de vivre en prison
    Ça met du soleil dans la maison
    C'est c' que vous diront
    Quelques rentiers vicelards
    Des vieux schnocks
    Qui n'ont qu' des trous d'air
    Dans l' cigare
    Une fois dans vot' vie,
    Vous qui êtes pas comme eux
    Faites un truc qui vous rendra heureux...


    Ouvrez ouvrez la cage aux oiseaux
    Regardez-les s'envoler, c'est beau
    Les enfants si vous voyez
    Des p'tits oiseaux prisonniers
    Ouvrez-leur la porte vers la liberté !


    Si vot' concierge fait cui-cui sur son balcon
    Avec ses perruches importées du Japon
    Ses canaris jaunes et ses bengalis
    A vot' tour faites leur guili-guili
    Sournoisement, exclamez vous :
    " Dieu ! quel plumage ! "
    Mais chère Madame
    On vous demande au 3ème étage !
    Et dès que la bignole aura l' dos tourné
    Même si on doit pas vous l' pardonner...


    Ouvrez ouvrez la cage aux oiseaux
    Regardez-les s'envoler, c'est beau
    Les enfants si vous voyez
    Des p'tits oiseaux prisonniers
    Ouvrez-leur la porte vers la liberté !


                                 Pierre PERRET



    Celui-ci vit en liberté chez
     Atawai



    24 commentaires


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique