• Fragments d'histoires ... à imaginer (1)

     




    Dans cet article, je vous avais laissés imaginer l'amont ou l'aval des fragments d'histoires que mon objectif avait attrapés au vol. Lady Angel m'a prise au mot et s'est proposée d'écrire un texte sur chacune des photos de cette série. Ma plume a repris la suite là où la sienne s'était arrêtée.
    Et voici comment est née cette histoire à deux voix, que nous dédions à Sylviane, sans qui elle n'aurait jamais pu s'écrire...

     





                                                                             Photo: Ptitsa





    Je me souviens. Il faisait chaud, très chaud. Comme toujours dans les rues de notre village. Maman avait eu un peu plus de temps que d'ordinaire pour venir me chercher à la sortie de l'école. J'étais fou de joie. Je la voyais si peu. Nos horaires ne concordaient pas souvent et si nous courions après le temps, nous courions aussi souvent après nous mêmes.
    Papa devait nous rejoindre après être passé au garage pour faire la révision des 15 000.
    On s'était assis sur le premier banc qui s'était offert à nous. Qu'est ce que je la trouvais jolie ma maman. Jolie comme une friandise.
    Elle s'est levée, a sorti un porte monnaie miteux de son sac et s'est précipité sur le marchand de glaces qui passait. A la volée, elle m'a demandé quel parfum je souhaitais et après qu'elle m'en eut énuméré une bonne dizaine, elle choisit elle-même devant ma mine dépitée. Le pire restait à venir !
    Elle ouvrit son porte monnaie et compta son menu butin.... Deux pièces, deux malheureuses pièces se volaient la vedette contre le cuir, mais rien qui suffit à payer sa dette au vendeur. Ca allait fondre. L'homme lui tendit le cornet. Elle bafouilla. Bredouilla que son mari allait la rejoindre, et se confondit en excuses. L'homme sourit, moi pas.
    Maman reprit sa place à mes côtés, confuse et pleine de principes. Face au vendeur, elle n'osait rien faire...
    Et si papa ne venait pas???
    Elle ne me regarda pas et fixa son regard sur le bout de la rue pendant de longues minutes; pendant de trop longues minutes...
    Il faisait si chaud.


    Ils m'attendaient. Mes deux trésors. Ils m'attendaient. Fallait que je coure, que je me dépêche. Oui mais...
    Pas facile de tracer dans les ruelles étroites du village, avec les touristes agglutinés devant les vitrines qui barraient le passage. Pas facile de me faufiler parmi les attroupements de curieux et de promeneurs qui, eux, pouvaient prendre le temps de vivre.
    Et ces pavés inégaux, ils n'allaient jamais se décider à les aplanir, à goudronner tout ça ? Et ces trottoirs irréguliers, bancals ? Jamais praticables de toute façon, encombrés l'été, glissants l'hiver...
    Ils m'attendaient. J'allais être en retard. Je suais sang et eau sur mes deux roues.
    Pas facile de me frayer un chemin dans cette cohue indifférente.
    Pas facile de traverser une ville pas équipée pour dans un fauteuil roulant...

    Ils étaient là... au loin.
    Et ça valait  toute l'eau et tout le sang du monde.




  • Commentaires

    1
    Mardi 2 Décembre 2008 à 08:57
    Elle est bien belle cette histoire ! Bravo à toutes les deux !
    2
    Mardi 2 Décembre 2008 à 09:32
    C'est très bien écrit, à quand le roman... Je ne plaisante pas, vous avez toutes les deux du talent d'écriture.
    Bonne Journée Petit Colibri et encore bravo à toi et à ton amie.
    Bisoux, Lolo
    3
    Mardi 2 Décembre 2008 à 09:40
    Et le plus merveilleux, je trouve, c'est qu'à partir de cette seule photo, on aurait pu en écrire tant de différentes! Le pouvoir de l'imagination est fabuleux. Pense aux "exercices de style", de Raymond Queneau... ;)
    4
    Mardi 2 Décembre 2008 à 09:45
    Merci Laurent... j'ai déjà proposé des textes aux maisons d'édition, en général elles me répondent qu'ils sont "intéressants" mais "qu'ils ne correspondent pas à leur créneau d'édition". Et comme je n'ai pas envie de me plier à ce qui serait leurs "créneaux d'édition" juste pour être publiée... je me donne à lire dans ce jardin, gratuitement et en toute liberté d'y créer ce que je veux, comme je veux, sur le sujet et dans la forme qui me correspondent. Tant pis si ce n'est pas matériellement rémunérateur... ca l'est humainement, et largement. :)
    5
    Mardi 2 Décembre 2008 à 09:50
    Et pourquoi tu ne publierais pas tes textes sur le net en créant un blog ou un site : un roman-net.
    Bisoux, Lolo
    6
    Mardi 2 Décembre 2008 à 09:52

    Bien beau duo pour un beau roman... une belle histoire, une romance d'aujourd'hui.. oulà, je me suis emballer avec mes semelles de Michel Fugain !!!

    Bon, l'avantage de ces semelles, c'est qu'elle t'ont amené un sourire ;-)

    oups!!!

    7
    Mardi 2 Décembre 2008 à 09:57
    Bingo, gagné, elles m'ont même carrément fait rire tes nouvelles semelles... Mais quelles que soient celles que tu chausses, tu sais bien que chacun de tes passages est pour moi déjà un sourire. ;)
    8
    Mardi 2 Décembre 2008 à 10:00
    Peut-être... Dans ce cas je pourrais même tout aussi bien les publier ici, mais pour le moment, je ne le "sens" pas, et comme j'ai pour habitude de me fier à mon ressenti... je m'y tiens. Mais je laisse l'idée mûrir et faire son chemin... on verra bien si elle donne une fleur un jour. Merci pour tes suggestions, petit lion bleu... ;)
    9
    Mardi 2 Décembre 2008 à 14:40

    C'est vrai que j'aurais imaginé tout autre chose, j'ai pris d'autant plus de plaisir à découvrir votre vesion, une version à 2 plumes qui du coup, au lieu d'être seulement touchante ou émouvante, prend toute les couleurs de la vie. Bravo à toutes deux !

    Amitiés

    10
    Mardi 2 Décembre 2008 à 16:39
    C'est un exercice savoureux auquel je ne m'étais pas encore attelée. Je suis ravie de voir que le plaisir est partagé par les promeneurs de ton blog.
    Nul doute, la glace sera fondue mais avec un coeur gros comme le sien je crois bien que ce papa là offrira sa tournée, marchand de glaces compris :-)
    approche toi , t'as peut être même une chance de pouvoir faire une lèche sur un des cornets !!!!
    Et moi je dis que si l'imagination gagne tes promeneurs ce serait génial qu'ils nous accompagnent dans nos délires d'écritures...
    Plumement Lady:-)
    11
    Mardi 2 Décembre 2008 à 18:19
    Et pour moi, c'est tout simplement un bonheur après une journée épuisante, de trouver ici une bien jolie surprise... Le bonheur d'un texte commun. La joie simple de trouver ici la plume de deux de mes amies du net... de deux de mes amies tout court. Merci à vous deux et énormes bisous à vous. J'ai déjà l'envie de voir vos plumes se mélanger à nouveau. Syl
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    12
    Mercredi 3 Décembre 2008 à 07:53

    Joli conte que tu publies là ma belle, c'est très bien écrit, oui...
    bise et bonne journée à toi...

    13
    Mercredi 3 Décembre 2008 à 08:21
    Peu de temps pour lire cette histoire!!
    Bises à VOUS! beau travail!
    14
    Mercredi 3 Décembre 2008 à 09:50
    Toutes mes félicitations aux deux belles plumes.

    Tu as raison, Ptitsa, d'offir ici tes textes, plutôt que de perdre ton temps (et ton argent) à courir après les éditeurs (qui d'ailleurs souffrent énormément).

    Bonne journée, bisous.
    Dông Phong

    PS: j'ai publié ce matin sur mon blog la tragique berceuse de Trinh Công Son que je t'ai envoyée auparavant.

    15
    Mercredi 3 Décembre 2008 à 12:34
    Oh mais je suis certaine que si ta plume écrivait en duo avec d'autres, ce serait tout aussi réussi, Pierrot... ;)
    16
    Mercredi 3 Décembre 2008 à 12:34
    Merci d'avoir tout de même pris le temps de la lire, alors ! Promis, je ne te poste aucune rafale de comm' aujourd'hui pour ne pas alourdir ton programme... :D
    17
    Mercredi 3 Décembre 2008 à 12:37
    Avec l'âge, j'apprends en effet à ne plus courir inutilement, certaine que les choses qui doivent m'ad/venir se porteront d'elles-mêmes au-devant de moi et qu'il n'est pas nécessaire que je leur coure après, - au contraire... car je crois que cela contribue qu'à les faire reculer. Dis-moi, grand sage d'un âge et d'un pays de sagesse, est-ce donc cela, la maturité ? ;)

    Pour le poème, je t'ai répondu sur ton blog... je n'ai pu lui donner un écho ici, mais je trouverai un autre chemin pour renvoyer mes visiteurs vers chez toi. :)
    18
    Mercredi 3 Décembre 2008 à 12:48

    Bon ben... Ly, j'espère que tu as entendu le message !! J'attends ta prochaine livraison... ;)
    Ah la la, quelle impatiente cette Sylviane! Incorrigible !!! :D

    19
    Mercredi 3 Décembre 2008 à 12:53
    Oh mais je ne me suis attelée à rien, moi, je suis un colibri, pas un boeuf ou un cheval de trait... ou alors, à la limite, de trait de plume... ou de trait d'humour ! ;)

    Cette idée m'est venue pour te faire un petit clin d'oeil en rapport avec une discussion que nous avions eueil y a peu, à l'ombre d'une autre de mes graines fleurie ici et où il était question d'un handicapé ...

    Et voilà, colibriesquement vôtre, j'attends, la plume frétillante, votre prochaine trouvaille, ma chère Plum'Lady... :)
    20
    Mercredi 3 Décembre 2008 à 12:56
    Si tu veux nous livrer ta version, "Fée des riantes" ;), c'est avec plaisir que je la publierai aussi... la vie n'en prendra que plus de couleurs, et je sais les merveilles que tu peux faire avec celles qui passent entre tes mains... :)
    21
    Mercredi 3 Décembre 2008 à 14:53
    un texte très émouvant, tant d'amour...
    22
    Mercredi 3 Décembre 2008 à 23:48
    Si tu veux le lire ou le mettre en scène dans une de tes représentations, je suis sûre que Lady sera d'accord pour qu'on te cède les droits d'auteur... ;)
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